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- La lettre de Terre Burkina
- Confinement et Covid au Burkina
- Parole d’élève

- La collecte en France
- Réflexions sur l'émigration
- Une rencontre : Idriss F.


Prochain numéro le 15 décembre 2020

En attendant, retrouvez-nous sur notre Blog et Facebook.

La lettre de Terre Burkina

Bonjour à toutes et tous,

Difficile de contourner l’incontournable. La crise sanitaire qui frappe encore le monde nous laisse hagards.
Chacun tente de s’adapter et de lutter au mieux contre la pandémie avec les moyens dont il dispose. 

Ce bouleversement profond a mis et continue de mettre en avant les inégalités sociales et les disparités dans l’accès aux soins, à l’éducation, à la culture, aux divertissements.
Terre Burkina s’est ainsi engagé à deux niveaux : dans la lutte contre la propagation du Covid 19 sur les secteurs géographiques où nous intervenons et sur l'accès aux besoins de première nécessité pendant la crise.
Nous détaillerons tout cela dans ce numéro de l’Arbre à Palabre.

Il sera d'ailleurs en grande partie consacré à cette crise. Parole d'élève sera laissée à Simon B. qui nous livrera son expérience et ses ressentis sur le confinement. Pour rappel, à chaque numéro, Parole d'élève laisse la place à un article rédigé par un élève, sans aucune retouche ou modification de notre part.

Le deuxième thème concernera les migrations importantes que connaît le Burkina Faso depuis quelques années. Nous y consacrerons un article-réflexion et vous découvrirez un entretien réalisé avec un jeune Burkinabé arrivé à Nancy récemment. 

Nous profitons de cette lettre pour adresser nos plus sincères remerciements à celles et ceux qui ont participé à la collecte d'urgence. Grâce à vous, dans certaines familles, le pire a pu être évité.

Comme toujours, et malgré ces sujets si peu légers, nous vous invitons à une pause-réflexion ensemble, sous notre bel arbre à palabre.
Bonne lecture,

Anthony PATE

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COVID au Burkina Faso

Avant de se centrer sur l'essentiel - l'impact sur les populations - force est de constater qu'associativement la crise sanitaire ne nous a que très peu impactés, la crise politique et sécuritaire qui s'installe au pays avait déjà très largement complexifié nos actions.
Nous étions donc déjà bien en place pour travailler malgré ces problématiques.

Le Burkina Faso a été frappé légèrement en décalé par rapport à la France. Lorsque les premiers cas sont apparus et que le taux de transmission a explosé, le gouvernement burkinabé a choisi très rapidement un confinement obligatoire de plusieurs mois, accompagné d'un couvre-feu de 19h30 à 5h00.
Ces mesures fortes ont été parfois mal comprises par les populations mais elles se sont rendues nécessaires en raison de l'absence de dépistage et d'un système de santé non-préparé à une telle vague. Il fallait vraiment prévenir toute pandémie.
A l'heure actuelle, on dénombre moins de 100 décès déclarés. Reste à analyser ce chiffre : réussite des mesures de lutte contre la propagation ou absence de chiffres réels ?

Quoi qu'il en soit, les conséquences sont importantes. Les marchés ont tourné au ralenti et les productions ont été durement impactées.
Si les sorties étaient autorisées pour les dépenses essentielles, toutes les activités périphériques ont été suspendues, causant une diminution des revenus et de l'activité économique.
Comme partout, certes. Sauf que dans les pays en développement, il y a peu de "dépenses-loisirs" et cela touche donc toujours aux besoins premiers.

Scolairement, le temps s'est arrêté. Il n'y a pas eu de reprise des cours après le confinement, les élèves ont donc passé 5 mois sans école.
L'école à la maison n'a pas été possible, l'absence de moyens de communication entre les enseignants et les familles rend ce dispositif impossible. Par ailleurs, les parents n'ont pas toujours été eux-mêmes scolarisés, les savoirs scolaires n'ont ainsi pas pu être transmis. L'année 2020-2021 sera ainsi déterminante pour "rattraper" le temps perdu autant que faire se peut.
L'absence d'école a aussi engendré un phénomène inquiétant. Attention, ce que nous rapportons là est un témoignage, à notre connaissance aucun article ou étude sérieuse n'a été conduit sur le sujet. Il s'agit uniquement de constats qui nous sont rapportés en nombre : le nombre de grossesses précoces aurait augmenté de manière significative pendant cette période et il semble en être de même concernant les mariages forcés.
Conséquences désastreuses de cet épisode.

Il faudra se relever comme partout, et faire face.

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Parole d'élève : Simon B, le 16 avril 2020.

"Cela fait un mois jour pour jour (16 Mars au 16 Avril) que le pays des hommes intègres (Burkina Faso) est sous l'emprise de la maladie du nouveau covid appelé Covid-19. A cet effet des mesures de prévention s'imposent, c'est alors que le gouvernement décida de la suspension de toutes activités de regroupement, annonçant ainsi un confinement qui ne sera pas de courte durée. 

Le confinement de nos populations est plus où moins apprécié par les uns et les autres car notre pays étant pauvre, cette expérience est très difficile à vivre car toute les activités rémunératrices sont à l'arrêt, surtout le secteur informel. En conséquence, ce confinement causera pour nous, les personnes démunies, beaucoup de difficultés dans plusieurs domaines tels que :  

- la subsistance
- le non paiement de nos loyers
- les soins médicaux car tout est à la hausse depuis l'apparition de cette maladie
- la psychose 

Pour clore le bal, le gouvernement a instauré un couvre-feu effectif tous les jours de 19h à 5h du matin. Le couvre-feu à ses débuts n'a pas été apprécié par tous, alors les forces de l'ordre se verront obligées de massacrer - je dis bien massacrer - les récalcitrants, mais lesdits récalcitrants qui sont les travailleurs de nuit sans activité verront leurs familles dépourvues de tous besoins vitaux. 

Mais, à mon humble avis, je salue les mesures prises par le gouvernement malgré les difficultés que nous vivons. Ces mesures sont pour le bien de tous car elles permettront de limiter la propagation de cette pandémie qu'on aura du mal à éradiquer en tant que pays pauvre. C'est pour cette raison que je reste toujours chez moi du matin au soir et je sensibilise certains proches comme je peux. Mais c'est très difficile à vivre cette période car les gens aisées peuvent se permettre cela car ils peuvent se ravitailler des mois voire des années mais nous autres si cela continue on mourra même de faim avant que le Covid-19 n'arrive chez nous. Pour terminer nos douleurs sont moindres par rapport à celles des pays de l'Occident je dirais, mais nous avons besoin d'un coup de pouce. 

Puisse la médecine moderne trouver un vaccin et sérum digne de ce nom pour nous délivrer."

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La collecte en France

Face aux premiers retours plus qu'inquiétants que nous avons eus, quelques jours seulement après le début du confinement, nous avons décidé d'agir.
Deux réunions audio plus tard, nous sommes arrivés à une équation avec des données simples :
- il n'y a pas de temps à perdre
- les besoins vitaux sont touchés
- Terre Burkina ne possède pas assez de fonds pour être efficace et pertinent dans ce domaine.

Nous avons ainsi lancé une cagnotte en ligne ouverte au plus grand nombre. Le lien a circulé sur les réseaux sociaux et par mail auprès des sympathisants.
Nous avons également sollicité, après réflexion, nos parrains-parraines. C'est une première mais l'urgence était grande.

Trois axes d'action ont été dégagés :
1- Sacs de riz et de maïs à livrer
2- Sensibilisation aux gestes barrières
3- Soutien scolaire aux bachelières

Ce sont ainsi 2 500 € qui ont pu être récoltés très rapidement.

Cet argent a été utilisé pour accompagner plus de 100 familles :

- Denrées alimentaires : riz et maïs.
- Hygiène : savons, seaux, …
- Soutien scolaire pour ne pas "perdre la main"
- Soutien indirect à l’ensemble de la communauté en participant financièrement à une dotation communale et à une campagne de sensibilisation sur les gestes-barrière.

> Zoom sur la Maison de Luc :
6 élèves passaient le bac cette année, elles ont été fortement impactées par la crise sanitaire et l'arrêt des cours ; nous avons tenté de rattraper le temps perdu en les préparant au mieux à l’examen.
Des professeurs particuliers sont ainsi passés régulièrement à la Maison de Luc pour revoir les notions et accompagner les filles (Sessions de 4h en Philosophie et Maths, deux matières à fort coefficient)

Merci infiniment à toutes celles et ceux qui nous ont suivis sur cette mobilisation particulière.

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Réflexions sur l'émigration

Les mouvements de populations Burkinabè sont complexes et les ressorts de ces déplacements sont nombreux. Généralement, il s'agit de déplacements à des fins d'emploi et de rémunération ou à des fins d'études.
Evidemment depuis quelques années, les problèmes sécuritaires ont complètement changé la donne, les mouvements migratoires concernent désormais principalement des gens qui fuient les attaques.

En premier lieu, il s'agit très largement de déplacements dit internes au pays : un million personnes se sont déjà déplacées à l'intérieur du pays en 2 ans (700 000 en moins d'un an). La fréquence des attaques ne cessant de s’amplifier au Nord du pays, ce chiffre ne risque pas de s'abaisser. Les camps de réfugiés s'agrandissent de jour en jour mais il est impossible de les adapter au flux en augmentation constante et cela rend les conditions de vie au sein de ces camps très critiques. L’insécurité affecte désormais treize régions burkinabè et aucun camp ne saurait accueillir tant de personnes en si peu de temps.
Nous y accorderons un article prochainement.

Concernant l'émigration vers l'étranger, il faut s'entendre sur quelques faits pour aborder le thème sereinement.
Une migration vers l'inconnu ne s'effectue jamais de gaieté de cœur, le contraire est un fantasme. C'est historiquement vérifiable, les gens bougent quand cela se passe mal pour eux chez eux et pour aller dans des endroits ou cela va, selon eux, mieux.
Les raisons sont toujours les mêmes : faim, guerres, troubles politiques, oppression en raison de préférence religieuse, politique ou sexuelle, catastrophes naturelles, impossibilité de satisfaire ses besoins primaires, etc. et cela devient massif si l'on amplifie ou cumule ces phénomènes.
Il faut comprendre également que les pays à fort potentiel d'émigration sont les pays en croissance démographique rapide avec une absence de ressources pour gérer cette croissance démographique. Les pays d'accueil, eux, sont d'abord et de très loin les pays limitrophes. Les pays lointains n'accueillent qu'un résidu du chiffre global initial de ces émigrants.
Les migrants cherchent ainsi à assurer leur subsistance et c'est la chose que ferait n’importe qui. L'histoire nous rappelle que chaque pays et chaque population s'est toujours comporté de la même manière en tout temps de l'histoire, ceci incluant les actuels pays "d'accueil".

Par ailleurs, les populations qui accueillent sont guidées, intrinsèquement et il n'y a aucun jugement de valeur ici, par la facilité d'intégration. Cette facilité à s’intégrer (et à intégrer) dépend du gap culturel (us et coutumes, langues parlées...). Plus le gap est important, plus l'intégration est difficile.
Cela dit, ce qui prédomine, c'est qu'il est beaucoup plus facile d'intégrer des gens quand le pays est en croissance rapide. Exemples : création des EU avec les européens, les pays européens quand ils ont eu besoin de main d'œuvre, etc. Cela dépend donc au final des ressources et possibilités d'un pays. L’accueil sera souhaité et même renforcé si il y a un besoin dans un secteur (Allemagne d'Angela Merkel), difficile voire impossible si le pays est déjà en difficulté : chômage, économie en berne, etc.
Le scénario se retourne alors contre les migrants et le fait culturel refait surface, manipulé par des politiques sécuritaires et hostiles aux migrants. Nous parlons bien de ce même fait culturel qui sait être balayé rapidement lorsque qu'on a besoin des gens : immigration de luxe, rachat de groupes industriels ou de clubs de foot.
Dans ces cas là, le fait culturel n'est plus prépondérant.

Pour diminuer la pression migratoire, il conviendrait donc pour les pays d'accueil de diminuer les difficultés des gens dans leurs pays d'origine, en favorisant un développement local autodéterminé, mais aussi en stoppant l'exploitation des pays concernés.

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Rencontre avec Idriss F.
Idriss F. (pseudo) est Burkinabé, il a 18 ans. Il a toujours vécu entre la cour familiale et les champs de céréales dans son village de l'extrême Nord du Burkina, proche de la frontière malienne. Il est arrivé à Nancy, seul, il y a quelques mois.
Cette interview n'a pas été facile à retranscrire, Idriss est effrayé par les récits qu'il doit faire concernant son histoire très récente. Il sait que "les Blancs" ne le croient pas toujours, que si son histoire ne rentre pas "dans les cases" il n'aura le droit à rien. Il revit des images terribles au fil des mots. La transcription n'en est pas une en ce qui concerne les sanglots, les hésitations, les terreurs qui reviennent à l'esprit.
Nous connaissons bien Idriss et avons retrouvé des amis et sa famille au pays, chaque ligne de récit est véridique, ce sont ses mots. L'ensemble a été simplifié pour une meilleure compréhension.

Terre Burkina : Bonjour Idriss, vous êtes arrivé en France en décembre 2019. Si vous le permettez, nous allons entrer dans le vif du sujet. Pourquoi cette traversée ?
Idriss F. : Bonjour, c'est simple je suis parti de mon village lorsqu'il a été attaqué par des djihadistes en janvier 2019, mon père et d'autres membres de ma famille ont été assassinés lors de l'attaque.

TB : Vous étiez présent lors de l'attaque ?
Idriss F.  : Par chance, j'étais aux champs un peu plus loin, j'ai entendu les tirs et des cris. C'est une dame qui était en train de fuir qui m'a dit qu'il ne fallait pas aller là-bas. J'ai fui directement, j'avais peur.

TB : Donc vous avez entrepris la traversée à ce moment-là et...
[Il nous coupe, NDLR.]
Idriss F. : Non, beaucoup imaginent cela en Europe mais non. J'ai été plusieurs mois dans un camp de réfugiés dans le Nord de mon pays, j'y ai même retrouvé ma mère. C'est là-bas que j'ai appris le décès de mon père et de plusieurs de mes proches. Nous sommes restés ensemble dans ce camp, c'était difficile.

TB : Je vous laisse continuer. Toutes les infos que vous voulez.
Idriss F. : C'était compliqué, au départ quand on nous disait qu'on ne pourrait pas retourner dans notre village, on ne le croyait pas. Puis on entendait parler d'autres d'attaques et on comprenait. Vraiment, c'était le plus difficile parce qu'on était bien traité pour le reste, mais ça... vraiment. On n'irait plus chez nous.

TB : Qu'est-ce qui vous a décidé ou obligé à partir ?
Idriss F. : On n'en pouvait plus. Et puis un jour, des militaires nous ont dit qu'il fallait qu'on aille avec eux pour combattre. Mais... avec mon ami, on est trop jeune, on connait rien à la guerre. Et puis, on le savait, le bruit courait, ils ne nous expliquent rien, on doit aller devant et tirer. C'est les jeunes comme nous qui meurent toujours devant. On avait très peur, un matin, on est parti...

TB : Votre Maman ?
Idriss F. : ... je sais pas quoi dire, on est parti oui. De toute façon, on allait être séparés. De toute façon, je vais la retrouver un jour.
C'est aussi pour elle que je suis venu, elle n'a plus rien non plus et je vais lui envoyer de l'argent.

TB : Vous nous parliez d'un ami d'enfance ?
Idriss F. : Oussou [pseudo] [Il rit] Oui Oussou, ce n'est pas un ami d'enfance, on s'est connu au camp de réfugiés. [Son visage se crispe] Je n'ai plus de nouvelles de lui, on s'est perdu en Algérie, on n'a pas pris le même véhicule parce que les véhicules devaient se suivre jusqu'au Maroc et j'ai vu sa voiture tourner et on s'est perdu. C'est au Maroc que...

TB : Idriss, pardon. Vous pouvez nous expliquer le trajet, géographiquement ?
Idriss F. : Nous on ne connait pas les cartes [rires] mais je sais le nom de chaque ville que j'ai traversées et les pays c'est : Burkina, Niger, Algérie, Maroc, Espagne et France.

TB : Merci. On peut parler du Maroc ? C'est votre entrée en Europe.
Idriss F. : Tout a été compliqué même avant le Maroc, on a beaucoup voyagé. On a beaucoup marché et dans des camions aussi, on était beaucoup. Et les gens nous expliquent comment aller plus loin à chaque fois, on ne peut pas trop rester sur place, il faut continuer c'est comme ça qu'on arrive au Maroc, c'est pas facile. Il y a le grillage et les piquants ensuite...
[NDLR : Le "grillage" est le nom donné à la frontière physique entre le Maroc (grande ville : Nador) et l'Espagne (en l'occurrence, enclave de Melilla). C'est un très haut grillage, très souvent doublé, avec des barbelés en haut. Plusieurs séries de barbelés "Concertina" sont également disposés de chaque côté.]

TB : Et vous êtes passé.
Idriss F. : Le gens vous disent de passer, que c'est bête de s'arrêter là. On ne peut pas rester de ce côté au Maroc de toute façon. Donc on décide d'y aller. Mais, la peur est là tout le temps. Des policiers nous chassent tout le temps d'un côté et de l'autre on voit des Africains qui ont essayé de passer et qui sont revenus déchirés par les piquants, les pieds, les mains, le corps et même le visage, les yeux. Mais faut y aller.
Il y a des gens qui vendent des chaussures trafiquées avec des clous dedans pour s'accrocher au grillage et des tissus pour enrouler sur les bras et les jambes. Il ne faut pas se faire attraper... là ce serait presque pire. Un soir on a foncé et j'ai réussi, du premier coup. Je me suis fait très mal, mais j'ai réussi et je suis arrivé de l'autre côté du grillage.

TB : La police ne vous a rien fait ?
Idriss F. : Non. Ils nous ont accompagnés auprès d'associations qui nous ont logé et donné à manger.

TB : Des Espagnols ? Et ensuite ?
Idriss F. : Je sais pas, des Marocains peut-être, des religieux en tout cas. Après, on a été conduits à Madrid. Ils nous ont enregistrés puis relâchés. C'est là que j'ai continué vers la France.

TB : Je sais que cette question est récurrente, mais, pourquoi la France ?
Idriss F. : Je ne sais pas, je ne parle pas espagnol et chez nous on apprend le français. Et puis, j'ai peur de l'Espagne, Madrid c'était très compliqué, on nous a très mal parlé, ils ne nous veulent pas du bien.

TB : Je vous laisse continuer.
Idriss F. : Je me suis déplacé jusqu'à Paris et puis on m'a dit de prendre un train et je suis descendu à Nancy. Ha là, franchement pourquoi Nancy, je sais pas, c'est le hasard.

TB : Et arrivé à Nancy ?
Idriss F. : On m'a montré comment me loger grâce à l'hébergement d'urgence, le 115. Mais c'est pas que pour les migrants, c'est pour tout le monde l'hiver. Et j'essaye de me faire soigner car je suis vraiment malade, j'ai des examens en cours, des séquelles de la traversée et de tout ce que j'ai fait. Et puis, il faut avancer sur les papiers.

Idriss est en procédure dite "Dublin", c'est-à-dire que l'administration doit le renseigner sur quel pays (en l'occurrence l'Espagne, pays d'entrée ou la France, pays actuel) doit réceptionner ses demandes.
C'est une procédure longue et complexe qui précède une procédure colossale : la demande d'asile.